mardi 16 juin 2015

Aude : des évangélistes à Gruissan, des cocktails molotov lancés à Salles

Aude : des évangélistes à Gruissan, des cocktails molotov lancés à Salles
Une quarantaine de caravanes installées illégalement sur un site sensible.
OLIVIER GOT


Une quarantaine de caravanes force l'accès au site en bord d'étang. Le maire demande leur évacuation.

On accordera aux gens du voyage qu'ils ont un certain goût. Dimanche après-midi, c'est sur la pinède qui borde l'étang de Gruissan, au pied de la tour Barberousse, qu'une quarantaine de caravanes s'est installée en force, après avoir retiré une quinzaine de plots qui en barrent l'accès aux véhicules.
Un paysage somptueux, une pelouse d'un vert éclatant, la fraîcheur procurée par la voûte des pins, la proximité de la lagune. On peut imaginer pire, comme conditions de séjour… Sauf que, dans le cas présent, l'occupation, illégale, pose de graves problèmes, en termes de sécurité, mais également d'environnement.
Raccordement EDF "sauvage" et risque de pollution de l'étang
Didier Codorniou, le maire de la station, ne décolère pas. Les évangélistes, qui prévoient de séjourner jusqu'en fin de semaine, se sont branchés directement sur le poste ErDF qui répartit l'électricité entre le vieux village et le port. Dès lundi en fin de matinée, des techniciens de l'opérateur ont démonté le branchement illicite, à la demande du maire : "En cas de problème, je ne voulais pas être considéré responsable", commente Didier Codorniou.
D'autre part, la pinède est "un lieu sensible sur le plan environnemental", rappelle le maire, du fait de sa proximité de l'étang. Or, aucune installation sanitaire n'existe… Point n'est besoin d'être grand clerc pour deviner quel sera l'exutoire des déchets organiques d'une population de 200 personnes, à l'instar de ce qui s'est passé, la semaine dernière, à Salles.
Des "touristes" malvenus
Dès lundi 15 juin, des évangélistes étaient occupés à nettoyer les caravanes et voitures, à grand renfort de détergent. Des effluents qui finiront immanquablement dans l'étang, ajoutant encore au risque de pollution. Or, cet étang, outre son agrément environnemental et touristique, est aussi le site où des familles de Gruissanais pratiquent la pêche, "activité ancestrale", rappelle le maire.
Pour toutes ces raisons, Didier Codorniou a, dès dimanche soir, engagé le bras de fer avec ces "touristes" malvenus. Les immatriculations des véhicules stationnés sous la pinède sont relevées et, "chaque matin, un agent passera leur dresser procès-verbal". Et, dès lundi après-midi, les services préfectoraux ont été saisis d'une demande d'arrêté administratif d'évacuation des lieux, "en toute urgence", du fait des problèmes posés.
L'instruction de cet arrêté pourrait être très rapide, pour mettre un terme au trouble créé par l'occupation illégale de la pinède. Selon les informations disponibles en mairie de Gruissan, l'arrêté pourrait être effectif dès ce mardi 16 juin, si les conditions nécessaires sont réunies. Quant à savoir quand et comment, le cas échéant, il sera exécuté…

Quatre cocktails molotov à Salles-d’Aude

C’est un véritable "cri d’alarme" que pousse Jean-Luc Rivel, le maire de Salles-d’Aude, où un précédent groupe d’évangélistes a squatté les abords du stade de rugby, une semaine avant. "Les élus et la population sont excédés, témoigne-t-il. Face à de telles occupations, nous sommes totalement impuissants". Pour preuve, un incident qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques, survenu dans la nuit de lundi à mardi dernier, au lendemain de l’arrivée du groupe, reparti samedi : selon nos informations, quatre cocktails molotov ont été lancés, cette nuit-là, en direction des caravanes. Par chance, trois ont fait long feu et la quatrième n’a provoqué que des dégâts mineurs.

"Ce sont des actes que je condamne fermement", précise Jean-Luc Rivel. Mais le maire condamne tout aussi fermement les dégâts causés par les évangélistes sur le site municipal : tableau électrique incendié, grilles et pelouse du stade dégradées, arbres coupés et excréments répandus dans un fossé attenant, près du centre de loisirs et du complexe sportif. "L’évaluation des dégâts est en cours et une dépollution du site est urgente. Mais je ferai tout pour que ce ne soit pas le contribuable de Salles qui paye la facture", prévient le maire, regard tourné vers le Grand Narbonne et les services préfectoraux. Ceux-là même auxquels il lance cet appel : "Il faut trouver une solution rapidement. Sinon, ça va devenir impossible à gérer. Actuellement, on colmate comme on peut", déplore-t-il. Au risque de tous les dérapages…

OLIVIER GOT 
source : Midi Libre