Une quarantaine de caravanes installées illégalement sur un
site sensible.
OLIVIER GOT
Une quarantaine de caravanes force l'accès au site en bord
d'étang. Le maire demande leur évacuation.
On accordera aux gens du voyage qu'ils ont un certain goût.
Dimanche après-midi, c'est sur la pinède qui borde l'étang de Gruissan, au pied
de la tour Barberousse, qu'une quarantaine de caravanes s'est installée en
force, après avoir retiré une quinzaine de plots qui en barrent l'accès aux
véhicules.
Un paysage somptueux, une pelouse d'un vert éclatant, la
fraîcheur procurée par la voûte des pins, la proximité de la lagune. On peut
imaginer pire, comme conditions de séjour… Sauf que, dans le cas présent,
l'occupation, illégale, pose de graves problèmes, en termes de sécurité, mais
également d'environnement.
Raccordement EDF "sauvage" et risque de pollution
de l'étang
Didier Codorniou, le maire de la station, ne décolère pas.
Les évangélistes, qui prévoient de séjourner jusqu'en fin de semaine, se sont branchés
directement sur le poste ErDF qui répartit l'électricité entre le vieux village
et le port. Dès lundi en fin de matinée, des techniciens de l'opérateur ont
démonté le branchement illicite, à la demande du maire : "En cas de
problème, je ne voulais pas être considéré responsable", commente Didier
Codorniou.
D'autre part, la pinède est "un lieu sensible sur le
plan environnemental", rappelle le maire, du fait de sa proximité de
l'étang. Or, aucune installation sanitaire n'existe… Point n'est besoin d'être
grand clerc pour deviner quel sera l'exutoire des déchets organiques d'une
population de 200 personnes, à l'instar de ce qui s'est passé, la semaine
dernière, à Salles.
Des "touristes" malvenus
Dès lundi 15 juin, des évangélistes étaient occupés à nettoyer
les caravanes et voitures, à grand renfort de détergent. Des effluents qui
finiront immanquablement dans l'étang, ajoutant encore au risque de pollution.
Or, cet étang, outre son agrément environnemental et touristique, est aussi le
site où des familles de Gruissanais pratiquent la pêche, "activité
ancestrale", rappelle le maire.
Pour toutes ces raisons, Didier Codorniou a, dès dimanche
soir, engagé le bras de fer avec ces "touristes" malvenus. Les
immatriculations des véhicules stationnés sous la pinède sont relevées et,
"chaque matin, un agent passera leur dresser procès-verbal". Et, dès
lundi après-midi, les services préfectoraux ont été saisis d'une demande
d'arrêté administratif d'évacuation des lieux, "en toute urgence", du
fait des problèmes posés.
L'instruction de cet arrêté pourrait être très rapide, pour
mettre un terme au trouble créé par l'occupation illégale de la pinède. Selon
les informations disponibles en mairie de Gruissan, l'arrêté pourrait être
effectif dès ce mardi 16 juin, si les conditions nécessaires sont réunies.
Quant à savoir quand et comment, le cas échéant, il sera exécuté…
Quatre cocktails molotov à Salles-d’Aude
C’est un véritable "cri d’alarme" que pousse
Jean-Luc Rivel, le maire de Salles-d’Aude, où un précédent groupe d’évangélistes
a squatté les abords du stade de rugby, une semaine avant. "Les élus et la
population sont excédés, témoigne-t-il. Face à de telles occupations, nous
sommes totalement impuissants". Pour preuve, un incident qui aurait pu
avoir des conséquences dramatiques, survenu dans la nuit de lundi à mardi
dernier, au lendemain de l’arrivée du groupe, reparti samedi : selon nos
informations, quatre cocktails molotov ont été lancés, cette nuit-là, en
direction des caravanes. Par chance, trois ont fait long feu et la quatrième
n’a provoqué que des dégâts mineurs.
"Ce sont des actes que je condamne fermement",
précise Jean-Luc Rivel. Mais le maire condamne tout aussi fermement les dégâts
causés par les évangélistes sur le site municipal : tableau électrique incendié,
grilles et pelouse du stade dégradées, arbres coupés et excréments répandus
dans un fossé attenant, près du centre de loisirs et du complexe sportif.
"L’évaluation des dégâts est en cours et une dépollution du site est
urgente. Mais je ferai tout pour que ce ne soit pas le contribuable de Salles
qui paye la facture", prévient le maire, regard tourné vers le Grand
Narbonne et les services préfectoraux. Ceux-là même auxquels il lance cet appel
: "Il faut trouver une solution rapidement. Sinon, ça va devenir
impossible à gérer. Actuellement, on colmate comme on peut", déplore-t-il.
Au risque de tous les dérapages…
OLIVIER GOT
source : Midi Libre