lundi 3 août 2015

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Régionales : guerre des gauches dans le Midi

Dans le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, une des rares régions que la gauche espère garder, ils sont trois à briguer la présidence. La mieux placée : l’ex-ministre Carole Delga.
Philippe Saurel : "Je souhaite une culture ni élitiste ni populiste"




Quand elle était ministre à Bercy, ­Carole Delga n'oubliait jamais de venir avec son couteau. Son ­Laguiole posait quelques ­problèmes au moment de passer les contrôles à l'aéroport, mais elle y tenait. Aujourd'hui, au moment où, à gauche, les appétits se décuplent pour cette nouvelle région regroupant ­Languedoc-Roussillon et Midi-­Pyrénées, Delga et son couteau se doivent d'être des plus affûtés. "Dans une des seules régions qui doit rester à gauche, on ne sait pas quelle gauche va gagner. C'est croustillant", saliveGérard Onesta, le candidat écolo, qui a réussi à rassembler l'ensemble de "l'autre gauche". "Si je ne pensais pas gagner, je n'irais pas", tranche pour sa part Philippe Saurel, le maire de Montpellier. Ils sont donc trois à gauche sur la ligne de départ. Delga reste favorite, mais rien n'est joué.
La future région sera la plus grande région viticole au monde, la deuxième de France en matière d'agriculture et d'accueil des étudiants. Quant à sa superficie, elle sera supérieure à celle de l'Autriche. Onze des treize départements y sont à gauche. Mais le FN Louis Aliot bénéficie de sondages flatteurs et d'une notoriété bien supérieure à ses rivaux. Le candidat de la droite, Dominique Reynié, pourra se maintenir, ce qui promet au second tour une triangulaire. La bataille du ­premier tour est donc surtout celle de la première place à gauche.

"Je n'ai pas de complexe d'avoir été au gouvernement"

Carole Delga *
Depuis des mois, le PS s'active pour déminer le terrain. Manuel Valls a bien tenté de raisonner Saurel. Les deux hommes ­s'apprécient. C'est le Premier ministre en personne qui a remis la Légion d'honneur à Saurel quand celui-ci était déjà exclu du PS pour dissidence. Mais Valls n'a pas réussi à le convaincre. "Saurel se revendique du ­bonapartisme. Là, il se voit en train de traverser le pont d'Arcole…", raille un dirigeant local, pointant son ego hypertrophié.
Mercredi, lorsque le Premier ministre est venu dans le Gers, c'est avec Delga qu'il s'est affiché. "Il m'a dit qu'il comptait revenir. Manuel, c'est un atout", souligne-t-elle. Depuis le début du quinquennat, chaque élection s'est transformée en référendum contre l'action gouvernementale. "Je n'ai pas de complexe d'avoir été au gouvernement", assure Delga. "Elle est partie à Paris voir des lustres plus dorés", grince Onesta. "J'ai quitté mon studio de Bercy et retrouvé mon village avec un vrai plaisir", rétorque-t-elle.
Le candidat écologiste, Gérard Onesta. (Christian BELLAVIA/DIVERGENCE POUR LE JDD)
Revenue sur ses terres, Delga devait trouver un accord avec les radicaux de gauche. "Au PS, c'était panique à bord", résume Baylet. La chose s'est dénouée cette semaine. "Ce n'est pas un accord avec le PRG qu'ils ont fait, mais un accord avec les rotatives de Jean-Michel Baylet", balance Onesta. La Dépêche du Midi, Midi libre, L'Indépendant : Baylet dirige, il est vrai, un petit empire.

"Il crée un poste et une loi pour lui. C'est hallucinant"

Dans cette course d'obstacles, Delga doit maintenant gérer la polémique Alary. Un poste de "président délégué" est promis au président de l'actuelle région Languedoc-­Roussillon. Problème : cette fonction n'existe pas. "Un texte de loi sera voté au Parlement, Valls l'annoncera dans les prochains jours à mes côtés", a confié Damien Alary à la presse. "Il crée un poste et une loi pour lui. C'est hallucinant", dénonce Onesta. "C'est la bonne petite cuisine au beurre de Solferino. C'est ce type d'attitude qui fait monter le FN", épingle Saurel.
Le maire de Montpellier met Delga et Onesta dans le même sac : "Des représentants de partis essayant de faire avaler la soupe froide du dogmatisme." Il a pourtant été longtemps au PS avant d'en être exclu au moment des municipales. Sa nouvelle ­candidature? "Je veux défendre l'équité territoriale", clame-t-il. Il se décrit en "socialiste tendance Jaurès, pas Cambadélis", mais explique parler à tout le monde, de l'UDI au PRG. "Il a repris le flambeau du patriotisme d'un Languedoc-Roussillon qui ne veut pas être absorbé par Toulouse, c'est son petit fonds de commerce. Dans le Gers, il essaie de recruter tous les refoulés du PS", allumePhilippe Martin, ancien ministre de l'Écologie et président du département. "N'avait-il pas promis qu'il ne serait que maire de Montpellier?", rappelle Onesta.

"J'ai laissé un demi-poumon à Sivens"

Le candidat écolo voudrait, lui, rejouer un scénario "à la Grenoble". Dans cette ville, à la surprise générale, l'écologiste Éric Piolle a ravi la mairie au PS. Comme Delga et ­Saurel, Onesta n'a que le mot "citoyen" à la bouche et ne peut s'empêcher de pianoter sur sa tablette pour montrer son site, où chacun peut contribuer au programme. "Delga aussi parle de plate-forme citoyenne, mais je ne vois toujours rien, et Saurel commence toutes ses phrases par 'je'", balaie-t-il. Il en est sûr : "Les courbes peuvent se croiser." Pour séduire, il affiche un CV multiface. Face aux tenants de "l'autre gauche", où beaucoup seraient tentés de demander des comptes à celui qui fut partisan du "oui" à la Constitution européenne, il dégaine : "J'ai été condamné comme faucheur d'OGM et j'ai laissé un demi-poumon à Sivens." Pour rassurer le "bon bourgeois", il sort sa carte d'ancien vice-président du Parlement européen et d'actuel vice-président de Midi-Pyrénées.
"Il devra nous expliquer comment il se mettra d'accord avec le PCF sur la centrale de Golfech. Les écolos ­aiment les échelons européen et régional, les communistes les mairies et les départements. Ce ne sera pas facile de faire un Grenoble bis", avertit ­Martin. Pour l'heure, les candidats s'accordent un peu de vacances avant de reprendre très vite une bataille qui s'annonce à couteaux tirés.